Si l’agrofourniture n’est pas la composante la plus visible des systèmes agroalimentaires, elle peut néanmoins avoir des effets importants sur les marchés des produits agricoles destinés à la consommation alimentaire. L’étude des relations entre ces deux types de marchés permet d’identifier des formes d’imbrication, qui peuvent aller jusqu’à ce que nous qualifions de « cocréation de marchés ». Nous mettons en évidence ce type de configuration à partir du cas de la lutte biologique dans la production de tomates sous serre. La structuration du marché des insectes auxiliaires dépend de celui de la tomate où se trouvent ses principaux clients ; en retour, ceux-ci s’appuient sur cet approvisionnement pour construire leurs stratégies économiques et de santé des cultures. Nous mobilisons la sociologie des agencements marchands pour analyser les relations entre humains et non humains (insectes et dispositifs techniques) qui permettent d’articuler les dynamiques de ces deux marchés (Bonnaud et Anzalone, 2021).