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Abstract

Les politiques agricoles affectent les régimes alimentaires des ménages ruraux à travers plusieurs canaux, notamment par le biais des changements de la structure des coûts et bénéfices agricole, le rendement de la main d’œuvre familiale au sein et en dehors de l’exploitation et, les prix des produits qui créent des incitations qui guident le choix du paysan de cultiver une plante plutôt qu'une autre, ou à acheter un produit de consommation plutôt qu'un autre. Ici, nous prenons l’exemple d’une politique largement répandue dans les pays d’Afrique subsaharienne, les subventions aux engrais (intrants). Bien qu’une abondante littérature ait mesuré les impacts des subventions aux engrais en Afrique subsaharienne depuis leur rétablissement sous forme de « subventions judicieuses », nous n’avons trouvé jusque-là qu’une poignée d’études qui examinent les implications nutritionnelles. Celles-ci comprennent les études menées au Malawi, où ces subventions ont été lancées dans les années 90, et en Tanzanie (pas encore publiées, à notre connaissance). De plus, documenter les effets au sein des ménages dirigés par des hommes n’était pas l’objectif principal de ces études bien que plusieurs d’entre elles rapportent des différences selon le sexe du chef d’exploitation. Il en est de même pour le Mali où relativement peu d'études ont été menées sur les effets de la subvention aux engrais. Nous focalisons notre analyse sur la mesure des relations entre la quantité d’engrais subventionnés obtenue et la qualité du régime alimentaire des femmes en âge de reproduction qui gèrent les parcelles au sein des ménages dirigés par des hommes au Mali. Ainsi, cette analyse contribue à la fois à la base de connaissances au Mali et à la littérature générale sur le thème des subventions aux engrais en Afrique sub-saharienne. Nous utilisons les données d’enquête collectées par une équipe de l’Institut d’Economie Rurale et de Michigan State University pendant l’année agricole 2017-2018. Les données portent sur 2400 ménages dont les gérants de parcelles ont été interviewés sur leur utilisation d’engrais et méthodes de gestion. Au sein de ces ménages, 5900 femmes en âge de reproduction ont été interviewées sur leur consommation d’aliments au cours des 24 heures précédant l’entretien. Nous avons construit les indicateurs actuellement recommandés qui permettent de mesurer la qualité du régime alimentaire des femmes : 1) le score de diversité alimentaire minimal adéquat, et 2) le score de diversité alimentaire des femmes. Ces indices sont, corrélés aux mesures anthropométriques et à la qualité du régime alimentaire des enfants des répondants. Nous trouvons une faible proportion assez troublante de femmes (43%) ayant atteint le score minimal adéquat de consommation d’aliments appartenant à au moins 5 des 10 principaux groupes d’aliments, le jour précédant l’enquête. Cette proportion était considérablement plus faible dans les ménages de la zone agro écologique du Plateau de Koutiala que dans celle du Delta du Niger. Les statistiques des échantillons suggèrent que les femmes gérantes de parcelles, emblavées en cultures ciblées par les subventions, avaient plus de chances, par rapport aux autres gérantes de parcelles, de consommer des sources d’aliments riches en fer mais également des collations et des repas hors du domicile ainsi que des sources d’aliments riches en sucre. Cependant, la consommation totale d’aliments riches en sucre semble faible, la source la plus répandue étant de loin le sucre rajouté au thé ou au café et n’étant cependant pas consommé tous les jours. Enfin, nous avons trouvé que l’impact général des subventions aux engrais sur la qualité du régime alimentaire des femmes était susceptible d’être très limité en termes d’ampleur bien que la corrélation entre le kg par ha et le nombre de groupes d’aliments soit statistiquement significative. Des travaux supplémentaires examineront, en détail, les hypothèses et conclusions.

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