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Abstract
L'IGP apparait comme un outil particulièrement adapté aux stratégies de valorisation des produits alimentaires liées à une origine
géographique et potentiellement complémentaire de l'AOC. Cet instrument doit etre fiable et cohérent pour donner toute
satisfaction au service des politiques territoriales de qualité.
Le bien-fondé de la demande de protection étant considéré comme déjà acquis, la réflexion porte ici sur !es modalités
d'élaboration des zones de protection IGP et sur l'identification des critères sur lesquels la spécificité s'appuie. Elle se nourrit d'un
certain nombre d'exemples choisis pour leur diversité : produits bruts, transformés, situés a différents stades de la démarche de
protection, allant de l'émergence de l'idée a la réalisation de l'expertise. La démarche, d'ordre méthodologique, conduit a dégager
des propositions respectueuses de la complexité du terrain.
Nous nous sommes, dans un premier temps, interrogés sur l'importance des critères définis dans le règlement européen IGP.
"Qualité déterminée" et "réputation" - deux termes majeurs de la définition réglementaire de l'IGP - sont questionnés à travers le
role qu'ils peuvent jouer dans le processus d'élaboration de la zone de protection. La grande latitude d'interprétation qui est mise
en évidence ne permet pas une approche satisfaisante de la question du zonage. En particulier, deux types de critères
n'apparaissent pas alors qu'ils jouent un role important : les critères économique (à travers la réalité économique historique et
actuelle du produit) et politique.
La suite de noire travail a done consisté a identifier les éléments susceptibles d'intervenir dans la définition d'une zone IGP. Nous
avons ainsi fait ressortir six critères, à examiner différemment selon le type de produit : l'origine des matières premières, les
facteurs écologiques, les savoir-faire locaux, la réalité économique actuelle mais ègalement historique, l'existence d'un zonage
prealable. Chacun pris isolément s'inscrit, avec plus ou mains de précision, dans un périmètre qui lui est propre. La combinaison
pondérée de ces éléments identifiés comme pertinents permet dans un second temps d'aboutir à la proposition finale
cartographiée de zonage.
Les cas étudiés montrent que les préoccupations liées au développement économique ou à l'amenégement du territoire
l'emportent souvent dans le traitement des critères. II est souhaitable de privilégier une stratégie plutot basée sur le renforcement
et la valorisation de la spécificité du produit, en prenant davantage en compte les savoir-faire spécifiques locaux et la réalité
économique historique.
En réponse à ce souci, la méthode proposée, basée sur une pondèration de critères clairement identifiés, permet de raisonner au
mieux la zone de protection ; elle devrait constituer une aide a différents niveaux : pour les instances nationales chargées de
l'instruction des demandes, pour les experts IGP, pour les porteurs de projets et également pour les prescripteurs les
accompagnant dans le montage du dossier. Plus largement, elle donne des éléments de réflexion à taus ceux qui sont amenés à
réfléchir aux composantes d'un terroir ou d'un territoire.